TU ES PIERRE ET SUR CETTE PIERRE JE BÂTIRAI MON EGLISE

 

 

 

Saint Pie X
Joseph Melchior Sarto
1835-1914

Pape de 1903 à 1914

 

 

Giuseppe (Joseph) SARTO, plus connu sous le nom de Pie X, naît en 1835 à Riese, bourg de 4’500 habitants en Vénétie (Italie). Il est baptisé le lendemain. Famille pauvre de 10 enfants dont 2 meurent en bas âge, notamment le premier-né, un Giuseppe dont le second, notre Giuseppe, héritera du prénom, si bien qu'il sera l'aîné de 8 enfants vivants, avec 6 sœurs et un frère. Son père est un modeste huissier municipal, sa mère, couturière (quand sa famille lui en laisse le temps). Le curé, don Fusarini, remarque la piété précoce de Joseph qui, par ailleurs, est le premier de sa classe. Voyant son désir d'être prêtre, il l'aide pour ses études secondaires. L'enfant poursuit donc sa scolarité de 1846 à 1850 à la ville de Castelfranco distante de 7 kilomètres. Chaque matin, il s'y rend à pieds avec un morceau de pain en poche pour son repas et il revient le soir. Toujours premier, mais n'ayant pas assez d'argent pour continuer ses études, il obtient une bourse du patriarche de Venise, lui aussi originaire de Riese. Il peut donc entrer au séminaire de Padoue en 1850 où il restera 8 ans. La mort de son cher papa en 1852 l'empêcherait de continuer ses études s'il n'était à nouveau aidé par don Fusarini, ange consolateur, qui soutient également sa famille au bord de la misère. Toujours aussi brillant dans ses études, il s'intéresse spécialement au chant sacré et aux Pères de l'Eglise.

Il est ordonné prêtre à la cathédrale de Castelfranco le 18 septembre 1858. Son évêque ne le laisse pas poursuivre ses études théologiques comme il l'aurait souhaité et le nomme vicaire à Tombolo. C'est un village qui n'a pas bonne réputation. L'abbé Joseph y vit pauvrement aux côtés d'un bon curé, en exerçant une grande charité envers les pauvres. Plus tard il dira que ces années furent les meilleures de sa vie. En 1867, il est nommé curé de Salzano. Ses sœurs viennent l'aider pour tenir la maison. Non sans peine, car le jeune curé distribue aux pauvres tout ce qui lui tombe sous la main. Le choléra de 1873 lui permet de donner toute la mesure de son dévouement. En 1875, l'évêque de Trévise appelle près de lui ce curé exceptionnel, le nomme chanoine, lui confie la chancellerie de l'évêché et la direction spirituelle du séminaire. A la mort de l'évêque, il est vicaire capitulaire (1879-1880). Dans ce rôle habituellement de transition, il déploie une vaste activité. Son plus grand souci est que le peuple soit instruit de la religion, les enfants, catéchisés et préparés à la première communion.

En 1884 ,il est nommé par Léon XIII qui l'a remarqué, évêque de Mantoue. "Il ne manquait plus que ça!" s'écrit-il dans son humilité, mais le pape maintient sa décision. Il reçoit la consécration épiscopale le 10 mars 1884. La première année, il ne fait qu'une ordination. Aussi s'occupe-t-il particulièrement du séminaire, prenant lui-même en charge les cours de morale et de chant. Les vocations augmentent. Le 12 juin 1893, il est créé cardinal et 3 jours plus tard il est nommé patriarche de Venise. Mêmes protestations mais en vain. Comme pour Mantoue, il doit attendre longtemps l'autorisation du gouvernement pour prendre en charge son diocèse. Entre-temps, il a la douleur de perdre son admirable mère (2 février 1894). L'acceptation du gouvernement arrive enfin: il a fallu que le pape promette d'enlever l'Erythrée aux lazaristes français pour la confier aux capucins italiens (!) Le 14 novembre 1894, le cardinal Sarto fait une entrée triomphale à Venise. Dans sa Vénétie natale il se sent chez lui. Il aime marcher le long de la lagune et parler aux gens. Il encourage les ateliers donnant du travail aux pauvres. Il réorganise son séminaire, anime les retraites de prêtres et leur impose des conférences de formation; il combat dans le clergé un esprit d'indiscipline qui lui fait dire que 30 curés au moins se considèrent comme des évêques.

Au conclave qui suit la mort de Léon XIII (20 juillet 1903) c'est d'abord le Cardinal Rampolla qui rassemble le plus de voix, mais dans un geste anachronique, l'Autriche oppose son veto, ce qui révolte les cardinaux (en fait, après la mort de Rampolla, on découvrira – dit-on – des documents prouvant qu'il était un franc-maçon militant). Finalement, le cardinal Sarto est élu le 4 août 1903. Plus que jamais, il se sent incapable d'assumer cette responsabilité écrasante mais il finit par accepter cette charge comme une croix. Il choisit le nom de Pie en se référant aux saints pontifes "qui ont honoré ce nom par leurs vertus et qui ont défendu l'Eglise avec force et douceur". Il fait preuve en effet d'une grande fermeté car il réfléchit longuement avant d'agir mais, comme le note son secrétaire d'état le cardinal Merry del Val, une fois qu'il a vu clair et que sa décision est prise, il abat le poing sur son bureau et dès lors rien ne saurait le faire changer; son blason ne représente-t-il pas une ancre sur une mer agitée? Sa devise: "Omnia instaurare in Christo": Tout restaurer dans le Christ (cf. Eph. 1,10). Dès la première année, il veille à restaurer le chant sacré, notamment en le simplifiant. Il dit: "Je veux que mes enfants prient sur de la beauté." Le grégorien retrouve sa première place. De même, dès le début de son pontificat, il entreprend de simplifier le Droit canon et le dédale de ses lois séculaires. En 1905 le gouvernement anti-clérical français confisque tous les biens de l'Eglise et interdit aux clercs, religieux et religieuses d'enseigner et de soigner dans les hôpitaux. Pie X refuse le compromis des "associations cultuelles" qui seraient établies sans consultation préalable avec le Saint-Siège: douloureuse décision à prendre pour le pape car il sait que ce refus prive l'Eglise de toutes ressources matérielles. Néanmoins à la longue sa fermeté est payante: en 1908 il pourra se féliciter que tous, des prélats aux fidèles, ont "écouté la parole du Pape comme la parole même de Dieu." En 1907, il s'en prend au "modernisme" qui menace la foi à l'intérieur de l'Eglise. Le saint-Office publie le décret "Lamentabili" concernant 65 propositions fausses sur l'inspiration et l'historicité des Livres saints, etc. Puis la même année le pape fait une critique de cette tendance dans l'encyclique "Pascendi". Le fondement du système moderniste est une philosophie inavouée mais diffuse qui par son agnosticisme annule toute démonstration à base rationnelle sous prétexte d' "immanence vitale". En 1910 le décret "Quam singulari" oblige les prêtres à proposer la communion (avec confession préalable) aux enfants dès l'âge de raison : mesure "prophétique"! En 1911 il réforme et simplifie le bréviaire devenu trop lourd, surtout  pour les prêtres chargés de ministère. Quant à la refonte définitive du droit canon, ce travail énorme ne sera conclu qu'après la mort du Pontife par la parution du nouveau Code (1917), mais tout le mérite en revient à Pie X.

Avec une certitude de prophète, dès 1906, saint Pie X voit approcher les horreurs de la Grande Guerre, où l'Europe de tradition chrétienne va se plonger dans un combat fratricide. Malgré ses efforts, notamment auprès du catholique empereur François-Joseph qui ne répond pas à une longue lettre, la guerre éclate (août 1914). Il lui reste à peine un mois à vivre. On l'entend qui implore: "Seigneur prenez ma misérable vie, mais arrêtez le massacre de tous mes enfants." Il souffre spécialement à la pensée que des prêtres s'affrontent sur le champ de bataille. Dans une dernière tentative, il écrit une lettre aux catholiques du monde (2 août). Désormais, il apparaît aux yeux de tous comme figé par cette épouvantable tragédie, laquelle, avec le poids de sa charge, finit par avoir raison de sa robuste constitution. Il attrape une bronchite et meurt le 19 août 1914.

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