

Léon XII
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Pour
en conserver le perpétuel souvenir.
Plus
sont grands les désastres qui menacent le troupeau de Jésus Christ, notre Dieu
et Sauveur, plus doit redoubler, pour les détourner, la sollicitude des
Pontifes Romains auxquels, dans la personne de saint Pierre, prince des apôtres,
ont été conférés le pouvoir et le soin de conduire ce même troupeau. C'est
à eux, en effet, comme étant placés au poste le plus élevé de l'Église,
qu'il appartient de découvrir de loin les embûches préparées par les ennemis
du nom chrétien pour exterminer l'Église de Jésus Christ (ce à quoi ils ne
parviendront jamais) : c'est à eux qu'il appartient tantôt de signaler
aux fidèles et de démasquer ces embûches, afin qu'ils s'en gardent, tantôt
de les détourner et de les dissiper de leur propre autorité.
Les
Pontifes Romains, Nos prédécesseurs, ayant compris qu'ils avaient cette grande
tâche à remplir, veillèrent toujours comme de bons pasteurs, et s'efforcèrent,
par des exhortations, des enseignements, des décrets, et en exposant même leur
vie pour le bien de leurs brebis, de réprimer et de détruire entièrement les
sectes qui menaçaient l'Église d'une ruine complète. Le souvenir de cette
sollicitude pontificale ne se retrouve pas seulement dans les anciennes annales
ecclésiastiques, on en retrouve d'éclatantes preuves dans ce qui a été fait
de nos jours et du temps de nos pères par les Pontifes Romains, pour s'opposer
aux associations secrètes des ennemis de Jésus Christ ; car Clément XII,
Notre prédécesseur, ayant vu que la secte dite des Francs-Maçons, ou
appelée d'un autre nom, acquérait chaque jour une nouvelle force, et ayant
appris avec certitude, par de nombreuses preuves, que cette secte était non
seulement suspecte mais ouvertement ennemie de l'Église catholique, la condamna
par une excellente constitution qui commence par ces mots : In eminenti publiée
le 28 avril 1738, et dont voici la teneur :
.
Cette
Bulle ne parut pas suffisante à Notre prédécesseur d'heureuse mémoire, Benoît
XIV, car le bruit s'était répandu que Clément XII étant mort, la peine
d'excommunication portée par sa Bulle était sans effet, puisque cette Bulle
n'avait pas été expressément confirmée par son successeur. Sans doute il était
absurde de prétendre que les Bulles des anciens Pontifes dussent tomber en désuétude
si elles n'étaient pas approuvées expressément par leurs successeurs, et il
était évident que Benoît XIV avait ratifié la Bulle publiée par Clément
XII. Cependant, pour ôter aux sectaires jusqu'au moindre prétexte, Benoît XIV
publia une nouvelle Bulle commençant ainsi : Providas, et datée du
18 mars 1751 ; dans cette Bulle, il rapporta et confirma textuellement et
de la manière la plus expresse celle de son prédécesseur. En voici la teneur :
.
Plût
à Dieu que ceux qui avaient le pouvoir en main eussent su apprécier ces décrets
autant que l'exigeait le salut de la religion et de l'État ! Plût à Dieu
qu'ils eussent été convaincus qu'ils devaient voir dans les Pontifes Romains,
successeurs de saint Pierre, non seulement les pasteurs et les chefs de l'Église
catholique, mais encore les plus fermes appuis des gouvernements et les
sentinelles les plus vigilantes pour découvrir les périls de la société !
Plût à Dieu qu'ils eussent employé leur puissance à combattre et à détruire
les sectes dont le Siège Apostolique leur avait découvert la perfidie !
Ils y auraient réussi dès lors ; mais, soit que ces sectaires aient eu
l'adresse de cacher leurs complots, soit que, par une négligence ou une
imprudence coupable, on eût présenté la chose comme peu importante et devant
être négligée, les Francs-Maçons ont donné naissance à des réunions
plus dangereuses encore et plus audacieuses.
On
doit placer à leur tête celle des Carbonari, qui paraîtrait les
renfermer toutes dans son sein, et qui est la plus considérable en Italie et
dans quelques autres pays. Divisée en différentes branches et sous des noms
divers, elle a osé entreprendre de combattre la religion catholique et de
lutter contre l'autorité légitime. Ce fut pour délivrer l'Italie et les
autres pays, et spécialement les États du Souverain Pontife, de ce fléau qui
avait été apporté par des étrangers dans le temps où l'autorité
pontificale était entravée par l'invasion, que Pie VII, Notre prédécesseur
d'heureuse mémoire, publia une Bulle, le 13 septembre 1821, commençant par ces
mots : Ecclesiam a Jesu Christo. Elle condamne la secte dite des Carbonari
sous les peines les plus graves, sous quelque dénomination et dans quelque pays
qu'elle existe. En voici la teneur :
.
Il
y avait peu de temps que cette Bulle avait été publiée par Pie VII, lorsque
Nous avons été appelé, malgré la faiblesse de nos mérites, à lui succéder
au Saint Siège. Nous Nous sommes aussitôt appliqué à examiner l'état, le
nombre et la force de ces associations secrètes et Nous avons reconnu
facilement que leur audace s'était accrue par les nouvelles sectes qui s'y sont
rattachées. Celle qu'on désigne sous le nom d'Universitaire a surtout
fixé notre attention ; elle a établi son siège dans plusieurs universités,
où des jeunes gens, au lieu d'être instruits, sont pervertis par quelques maîtres,
initiés à des mystères qu'on pourrait appeler des mystères d'iniquité, et
formés à tous les crimes.
De
là vient que si longtemps après que le flambeau de la révolte a été allumé
pour la première fois en Europe par les sociétés secrètes, et qu'il a été
porté au loin par ses agents, après les éclatantes victoires remportées par
les plus puissants princes et qui Nous faisaient espérer la répression de ces
sociétés ; cependant, leurs coupables efforts n'ont pas encore cessé :
car, dans les mêmes contrées où les anciennes tempêtes paraissaient apaisées,
n'a-t-on pas à craindre de nouveaux troubles et de nouvelles séditions que ces
sociétés trament sans cesse ? N'y redoute-t-on pas les poignards impies
dont ils frappent en secret ceux qu'ils ont désignés à la mort ? Combien
de luttes terribles l'autorité n'a-t-elle pas eu à soutenir malgré elle, pour
maintenir la tranquillité publique ?
On
doit encore attribuer à ces associations les affreuses calamités qui désolent
de toute part l'Église, et que Nous ne pouvons rappeler sans une profonde
douleur : on attaque avec audace ses dogmes et ses préceptes les plus sacrés ;
on cherche à avilir son autorité, et la paix dont elle aurait le droit de
jouir est non seulement troublée, mais on pourrait dire qu'elle est détruite.
On
ne doit pas s'imaginer que Nous attribuions faussement et par calomnie à ces
associations secrètes tous les maux et d'autres que Nous ne signalons pas. Les
ouvrages que leurs membres ont osé publier sur la religion et sur la chose
publique, leur mépris pour l'autorité, leur haine pour la souveraineté, leurs
attaques contre la divinité de Jésus-Christ et l'existence même d'un Dieu, le
matérialisme qu'ils professent, leurs codes et leurs statuts, qui démontrent
leurs projets et leurs vues, prouvent ce que Nous avons rapporté de leurs
efforts pour renverser les princes légitimes et pour ébranler les fondements
de l'Église ; et ce qui est également certain, c'est que ces différentes
associations, quoique portant diverses dénominations, sont alliées entre elles
par leurs infâmes projets.
D'après
cet exposé, Nous pensons qu'il est de Notre devoir de condamner de nouveau ces
associations secrètes, pour qu'aucune d'elles ne puisse prétendre qu'elle
n'est pas comprise dans Notre sentence apostolique et se servir de ce prétexte
pour induire en erreur des hommes faciles à tromper.
Ainsi,
après avoir pris l'avis de Nos Vénérables Frères les Cardinaux de la sainte
Église Romaine, de Notre propre mouvement, de Notre science certaine et après
de mûres réflexions, Nous défendons pour toujours et sous les peines infligées
dans les Bulles de Nos prédécesseurs insérées dans la présente et que Nous
confirmons, Nous défendons, disons-Nous, toutes associations secrètes, tant
celles qui sont formées maintenant que celles qui, sous quelque nom que ce
soit, pourront se former à l'avenir, et celles qui concevraient contre l'Église
et toute autorité légitime les projets que Nous venons de signaler.
C'est
pourquoi Nous ordonnons à tous et à chaque chrétien, quels que soient leur état,
leur rang, leur dignité ou leur profession, laïques ou prêtres, réguliers ou
séculiers, sans qu'il soit nécessaire de les nommer ici en particulier, et, en
vertu de la sainte obéissance, de ne jamais se permettre, sous quelque prétexte
que ce soit, d'entrer dans les susdites sociétés, de les propager, de les
favoriser ou de les recevoir ou cacher dans sa demeure ou autre part, de se
faire initier à ces sociétés dans quelque grade que ce soit, de souffrir
qu'elles se rassemblent ou de leur donner des conseils ou des secours
ouvertement ou en secret, directement ou indirectement, ou bien d'engager
d'autres, de les séduire, de les porter ou de les persuader à se faire
recevoir ou initier dans ces sociétés, dans quelque grade que ce soit, ou
d'assister à leurs réunions, ou de les aider ou favoriser de quelque manière
que ce soit ; au contraire, qu'ils se tiennent soigneusement éloignés de
ces sociétés, de leurs associations, réunions ou assemblées, sous peine
d'excommunication dans laquelle ceux qui auront contrevenu à cette défense
tomberont par le fait même, sans qu'ils puissent jamais en être relevés que
par Nous ou Nos successeurs, si ce n'est en danger de mort.
Nous
ordonnons en outre à tous et à chacun, sous peine de l'excommunication réservée
à Nous et à Nos successeurs, de déclarer à l'évêque et aux autres
personnes que cela concerne, dès qu'ils en auront connaissance, si quelqu'un
appartient à ces sociétés ou s'est rendu coupable de quelques-uns des délits
susmentionnés.
Nous
condamnons surtout et Nous déclarons nul le serment impie et coupable par
lequel ceux qui entrent dans ces associations s'engagent à ne révéler à
personne ce qui regarde ces sectes, et à frapper de mort les membres de ces
associations qui feraient des révélations à des supérieurs ecclésiastiques
ou laïques. N'est-ce pas, en effet, un crime que de regarder comme un lien
obligatoire, un serment, c'est-à-dire un acte qui doit se faire en toute
justice, et où l'on s'engage à commettre un assassinat, et à mépriser
l'autorité de ceux qui, étant chargés du pouvoir ecclésiastique ou civil,
doivent connaître tout ce qui est important pour la religion et la société,
et ce qui peut porter atteinte à leur tranquillité ? N'est-ce pas indigne
et inique de prendre Dieu à témoin de pareils attentats ? Les Pères du
Concile de Latran ont dit avec beaucoup de sagesse (can. 3) " qu'il ne
faut pas considérer comme serment, mais plutôt comme parjure tout ce qui a été
promis au détriment de l'Église et contre les règles de la tradition. "
Peut-on tolérer l'audace ou plutôt la démence de ces hommes qui, disant, non
seulement en secret, mais hautement, qu'il n'y a point de Dieu, et le publiant
dans leurs écrits, osent cependant exiger en son nom un serment de ceux qu'ils
admettent dans leur secte ?
Voilà
ce que Nous avons arrêté pour réprimer et condamner toutes les sectes
odieuses et criminelles. Maintenant, Vénérables Frères, Patriarches, Primats,
Archevêques et Évêques, Nous demandons, ou plutôt Nous implorons votre
secours ; donnez tous vos soins au troupeau que le Saint-Esprit vous a
confié en vous nommant évêques de son Église. Des loups dévorants se précipiteront
sur vous et n'épargneront pas vos brebis. Soyez sans crainte, et ne regardez
pas votre vie comme plus précieuse que vous-mêmes. Soyez convaincus que la
constance de vos troupeaux dans la religion et dans le bien dépend surtout de
vous ; car, quoique nous vivions dans des jours mauvais et où plusieurs ne
supportent pas la saine doctrine, cependant beaucoup de fidèles respectent
encore leurs pasteurs, et les regardent avec raison comme les ministres de Jésus-Christ
et les dispensateurs de ses mystères. Servez-vous donc, pour l'avantage de
votre troupeau, de cette autorité que Dieu vous a donnée sur leurs âmes par
une grâce signalée. Découvrez-leur les ruses des sectaires et les moyens
qu'ils doivent employer pour s'en préserver. Inspirez-leur de l'horreur pour
ceux qui professent une doctrine perverse, qui tournent en dérision les mystères
de notre religion et les préceptes si purs de Jésus-Christ, et qui attaquent
la puissance légitime. Enfin, pour Nous servir des paroles de Notre prédécesseur
Clément XIII, dans sa Lettre encyclique A quo die à tous les
Patriarches, Primats, Archevêques et Évêques de l'Église catholique, en date
du 14 septembre 1758 :
" Pénétrons-nous,
je vous en conjure, de la force de l'Esprit du Seigneur, de l'intelligence et du
courage qui en sont le fruit, afin de ne pas ressembler à ces chiens qui ne
peuvent aboyer, laissant nos troupeaux exposés à la rapacité des bêtes des
champs. Que rien ne nous arrête dans le devoir où nous sommes de souffrir
toutes sortes de combats pour l'amour de Dieu et le salut des âmes. Ayons sans
cesse devant les yeux celui qui fut aussi, pendant sa vie, en butte à la
contradiction des pécheurs ; car si nous nous laissons ébranler par
l'audace des méchants, c'en est fait de la force de l'épiscopat, de l'autorité
sublime et divine de l'Église. Il ne faut plus songer à être chrétiens si
nous en sommes venus au point de trembler devant les menaces ou les embûches de
nos ennemis. "
Princes
catholiques, Nos très chers fils en Jésus Christ, pour qui Nous avons une
affection particulière, Nous vous demandons avec instance de venir à Notre
secours. Nous vous rappellerons ces paroles que Léon le Grand, notre prédécesseur
et dont Nous portons le nom, quoique indigne de lui être comparé, adressait à
l'empereur Léon : " Vous devez sans cesse vous rappeler que la
puissance royale ne vous a pas seulement été conférée pour gouverner le
monde, mais encore et principalement pour prêter main forte à l'Église, en
comprimant les méchants avec courage, en protégeant les bonnes lois, en rétablissant
l'ordre dans toutes les choses où il a été troublé ". Les
circonstances actuelles sont telles que vous avez à réprimer ces sociétés
secrètes, non seulement pour défendre la religion catholique, mais encore pour
votre propre sûreté et pour celle de vos sujets. La cause de la religion est
aujourd'hui tellement liée à celle de la société, qu'on ne peut plus les séparer ;
car ceux qui font partie de ces associations ne sont pas moins ennemis de votre
puissance que de la religion. Ils attaquent l'une et l'autre et désirent également
les voir renversées ; et s'ils le pouvaient, ils ne laisseraient subsister
ni la religion ni l'autorité royale.
Telle
est la perfidie de ces hommes astucieux, que, lorsqu'ils forment des vœux
secrets pour renverser votre puissance, ils feignent de vouloir l'étendre. Ils
essaient de persuader que Notre pouvoir et celui des évêques doit être
restreint et affaibli par les princes, et qu'il faut transférer à ceux-ci les
droits, tant de cette Chaire apostolique et de cette Église principale, que des
évêques appelés à partager Notre sollicitude.
Ce
n'est pas la haine seule de la religion qui anime leur zèle, mais l'espoir que
les peuples soumis à votre empire, en voyant renverser les bornes posées dans
les choses saintes par Jésus-Christ et son Église, seront amenés facilement
par cet exemple à changer ou à détruire aussi la forme du gouvernement.
Vous
aussi, Fils chéris, qui professez la religion catholique, Nous vous adressons
particulièrement Nos prières et Nos exhortations. Évitez avec soin ceux qui
appellent la lumière ténèbres et les ténèbres lumière. En effet, quel
avantage auriez-vous à vous lier avec des hommes qui ne tiennent aucun compte
ni de Dieu ni des puissances, qui leur déclarent la guerre par des intrigues et
des assemblées secrètes, et qui, tout en publiant tout haut qu'ils ne veulent
que le bien de l'Église et de la société, prouvent par toutes leurs actions
qu'ils cherchent à porter le trouble partout et à tout renverser ? Ces
hommes sont semblables à ceux à qui l'apôtre saint Jean ordonne de ne pas
donner l'hospitalité, et qu'il ne veut pas qu'on salue (IIe Épître,
v. 10) ; ce sont les mêmes que nos pères appelaient les premiers nés du
démon.
Gardez-vous
donc de leurs séductions et des discours flatteurs qu'ils emploieront pour vous
faire entrer dans les associations dont ils font partie. Soyez convaincus que
personne ne peut être lié à ces sociétés sans se rendre coupable d'un péché
grave : fermez l'oreille aux paroles de ceux qui, pour vous attirer dans
leurs assemblées, vous affirmeront qu'il ne se commet rien de contraire à la
raison et à la religion, et qu'on n'y voit et n'y entend rien que de pur, de
droit et d'honnête. D'abord ce serment coupable dont Nous avons parlé, et
qu'on prête même dans les grades inférieurs, suffit pour que vous compreniez
qu'il est défendu d'entrer dans ces premiers grades et d'y rester ;
ensuite, quoique l'on n'ait pas coutume de confier ce qu'il y a de plus
compromettant et de plus criminel à ceux qui ne sont pas parvenus à des grades
éminents, il est cependant manifeste que la force et l'audace de ces sociétés
pernicieuses s'accroissent en raison du nombre et de l'accord de ceux qui en
font partie. Ainsi ceux qui n'ont pas passé les rangs inférieurs doivent être
considérés comme les complices du même crime, et cette sentence de l'apôtre
(Épître aux Romains, ch. 1) tombe sur eux : " Ceux qui
font ces choses sont dignes de mort, et non seulement ceux qui les font, mais même
ceux qui s'associent à ceux qui s'en rendent coupables ".
Enfin,
Nous Nous adressons avec affection à ceux qui, malgré les lumières qu'ils
avaient reçues, et la part qu'ils avaient eue au don céleste et aux grâces de
l'Esprit-Saint, ont eu le malheur de se laisser séduire et d'entrer dans ces
associations, soit dans les rangs inférieurs, soit dans les degrés plus élevés.
Nous qui tenons la place de Celui qui a déclaré qu'il n'était pas venu
appeler les justes mais les pêcheurs, et qui s'est comparé au pasteur qui,
abandonnant le reste de son troupeau, cherche avec inquiétude la brebis qu'il a
perdue, Nous les pressons et Nous les prions de revenir à Jésus Christ. Sans
doute ils ont commis un grand crime, cependant ils ne doivent point désespérer
de la miséricorde et de la clémence de Dieu et de son Fils Jésus Christ ;
qu'ils rentrent dans les voies du Seigneur, il ne les repoussera pas ; mais
semblable au père de l'enfant prodigue, il ouvrira ses bras pour les recevoir
avec tendresse. Pour faire tout ce qui est en Notre pouvoir et pour leur rendre
plus facile le chemin de la pénitence, Nous suspendons pendant l'espace d'un an
après la publication de ces Lettres apostoliques dans le pays qu'ils habitent,
l'obligation de dénoncer leurs frères, et Nous déclarons qu'ils peuvent être
relevés de ces censures, même en ne dénonçant pas leurs complices, par tout
confesseur approuvé par les Ordinaires des lieux qu'ils habitent.
Nous
usons également de la même indulgence à l'égard de ceux qui demeurent à
Rome. Si quelqu'un (ce qu'à Dieu ne plaise !) était assez endurci pour ne
pas abandonner ces sociétés dans le temps que Nous avons prescrit, il sera
tenu de dénoncer ses complices, et il sera sous le poids des censures s'il
revient à résipiscence après cette époque ; il ne pourra obtenir
l'absolution qu'après avoir dénoncé ses complices, ou au moins juré de les dénoncer
le plus tôt possible. Cette absolution ne pourra être donnée que par Nous,
Nos successeurs ou ceux qui auront obtenu du Saint-Siège la faculté de relever
de ces censures.
Nous
voulons que les exemplaires imprimés du présent Bref apostolique, lorsqu'ils
seront signés de la main d'un notaire public et munis du sceau d'un dignitaire
de l'Église, obtiennent la même foi que l'original.
Que
personne ne se permette d'enfreindre ou de contredire Notre présente déclaration,
condamnation, ordre, défense, invocation, réquisition, décret et volonté.
Si, néanmoins, quelqu'un se le permettait, qu'il sache qu'il s'attire par là
la colère du Dieu tout-puissant et des saints apôtres Pierre et Paul.
Donné
à Rome, près Saint-Pierre, l'année de l'Incarnation de Notre-Seigneur 1825,
le 3 des ides de Mars (13 mars 1826), de notre Pontificat l'an II.
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